dimanche 22 avril 2012

Congo (1995, Frank Marshall)

Ce n'est pas parce qu'on réussit une fois que l'on réussit une deuxième fois automatiquement. L'expression ''bon réalisateur un jour, bon réalisateur toujours'' ne s'applique aucunement ici. Si Frank Marshall a tapé dans le mille en terrifiant certains phobiques des araignées en 1990 avec Arachnophobia, ce n'est sûrement pas des cauchemars de gorilles tueurs que son Congo nous ferra subir. Ah bon! Congo n'est pas un film d'horreur? Ce serait plutôt un thriller d'aventure avec de l'action et un soupçon d'humour? Il faut croire que j'étais dans la lune, puisque j'ai complètement raté le suspense, l'action et la comédie! Par chance, il y avait de l'aventure...

Des membres de la compagnie TraviCom sont envoyés au Congo et se font attaquer par des animaux non-identifiés. Témoin de la tuerie par communication vidéo, le directeur envoie Karen Ross en mission pour retrouver les survivants. Du moins, c'est ce qu'elle croit, puisque son dirigeant se soucis davantage des diamants présents sur le site que de ses employés. Entre temps, deux amis aideront la gorille femelle qu'ils élèvent à retourner chez elle: la jungle.

Deux années avant la sortie de Congo, un certain Steven Spielberg offre une adaptation de Jurassic Park, un roman de Michael Crichton. Attirant de grande foule notamment pour ses effets spéciaux spectaculaires, Jurassic Park a remporté un succès fou au box office! Frank Marshall a donc probablement cru faire un bon coup en adaptant un autre roman de Crichton: Congo. Bien que le livre ait eu le mérite d'avoir sa troupe de fanatiques, Marshall n'a ni le talent de Spielberg ni le budget de Jurassic Park. C'est avec ce manque de professionnalisme et de technologie qu'il s'est aventuré dans ce film qui n'était définitivement pas à sa hauteur.

Le défaut souvent mis de l'avant envers Congo est son utilisation d'hommes en costume pour interpréter les gorilles. Spielberg avait eu de la chance avec Jurassic Park alors que la technologie était suffisamment développée pour créer une texture de dinosaure foutrement bien réaliste. Cette chance, Marshall ne l'a pas eue. La technologie n'était pas encore assez avancée pour reproduire le poil des gorilles de façon moindrement réelle. Le réalisateur a donc opté pour des costumes et, malheureusement, même si ça aurait possiblement été pire par ordinateur, on remarque clairement que ce sont des hommes déguisés! D'un autre côté, c'est tant mieux s'ils ont opté pour cette alternative, car lorsque les premiers effets spéciaux par ordinateur font surface, on constate que ce n'est vraiment pas un point fort et que le film aurait presque bénéficié d'en avoir aucun!

Cependant, je ne blâme pas le long-métrage pour cette raison précisément. De toute façon, comme mentionné juste auparavant, la technologie n'était pas assez avancée pour faire quelque chose de crédible. En faite, plusieurs autres éléments de Congo sont ratés. D'abord, la réalisation. Bien que j'ai effleuré le sujet un peu plus haut, je me permet d'en rajouter un peu. À vrai dire, j'ai eu l'impression que Marshall essayait trop de copier ses semblables. On dirait une sorte d'alternative non-réussie entre King Kong et Jurassic Park. De plus, on ne comprend pas nécessairement ce que le film veut réellement nous faire ressentir. On aurait dit qu'on voulait tourner un film d'action plus ou moins intense et que, une fois au montage, on a décidé d'en faire un suspense! On enlève alors le trois quart des scènes d'action, on coupe à la dernière seconde lorsqu'un personnage s'apprête à mourir, puis on se ramasse avec un thriller-like qui ne s'assume pas plus qu'il ne le faisait dans l'action! En faite, la seule chose qui semble avoir été claire et respectée, c'est l'ajout d'une touche de comédie ici et là pour nous amuser. Il faut le dire vite, parce que Congo a raté son coup pour les blagues aussi! Est-ce amusant? J'imagine que oui, un peu. Est-ce suffisant pour nous faire apprécier le film? Aucunement! C'est également ça le problème, si Congo possède sa petite boîte surprise de bonne idée, jamais ce n'est assez pour nous faire oublier les lacunes beaucoup trop nombreuses.

Sinon, même la présentation de l’œuvre elle-même n'est pas très professionnel. D'abord, ça commence dans une petite intrigue au milieu de la jungle. C'était tout de même intéressant, puisqu'on ne perd pas de temps, on nous embarque aussitôt dans l'histoire. Par contre, on sort soudainement de cette forêt africaine pour nous amener aux personnages centraux. C'est une bonne façon pour nous expliquer le but des protagonistes, mais son utilisation est mal exploité. Au final, on est déçu du changement de cap, puisque le film perdra du temps inutilement avant de nous retransporter parmi les gorilles du départ. En faite, ça brise tout simplement le rythme que Congo possédait dès le commencement. Je n'ai rien contre les histoires progressives qui nous embarque tranquillement dans leur univers, mais Congo a juste manqué ce coup-là et nous offre trop de changement de genres à tous moments. Le meilleur exemple reste la scène de l'aéroport. Alors que le film semblait trouver sa place en tant que comédie d'aventure (bien que aucunement drôle, rappelons-le), on assiste soudainement à une scène remplie d'action qui manque un peu trop d'assurance en plus de sa musique d'ambiance ridicule à la Rambo. En faite, les musiques de Congo en général sont bien ordinaires.

Le pire dans tout ça, c'est que ce long-métrage aurait peut-être pu être regardable en améliorant quelques défauts. Par contre, ce qui le rend pénible, c'est qu'il est interminable! Il dure beaucoup trop longtemps, ce qui laisse place à de nombreux temps mort et de scènes inutiles qui ne lui permettent rien d'autre que de s'auto-enfoncer encore plus dans la merde. Si au moins il n'y avait pas tant d'incohérences dans le développement! J'ai bien beau avoir une petite idée de comment fonctionne un parachute, si ma première expérience de saut du haut d'un avion aurait lieu pendant un moment hyper stressant où il n'y a plus de pilote à bord et que je devrais me débrouiller sans même un peu d'explication, je ne crois pas que j'aurais l'air aussi à l'aise et professionnel que les personnages!

Malheureusement, jamais le film ne se rattrapera, et au contraire! Plus Congo avance dans son histoire interminable, plus il s'engouffre dans des clichés inintéressants et des scènes prévisibles qui nous font rouler les yeux. C'est d'ailleurs sur ce genre de ''punch'' décevant auquel on s'attend tous que ce termine enfin ce long-métrage.

Bel essaie de la part de Frank Marshall. Il n'a peut-être pas calibré le succès de Jurassic Park, il n'a peut-être pas eu le potentiel de Spielberg, il ne donne peut-être pas le goût de découvrir le roman malgré sa réputation plus accueillante et il n'a peut-être rien réussit d'autre que de ne rien réussir, mais j'imagine que c'est l'intention qui compte... Finalement, Congo est peut-être un film à éviter...

Julien English
1.5/5

2 commentaires:

  1. Bonjour Mr English ! Je me permets de vous laisser un avis sur Congo ... Qui ne regarde que moi bien sur ... je ne suis qu'une petite prof d'art et loin d'étre critique de quoi que se soit d'ailleurs ... Mais malgré tout j'ai envie de vous écrire par rapport à ce film que j'ai vu en 1995 lors de sa sortie ... Ce que je n'ai pas aimé dans votre critique c'est "bien qu'il y a énormément de choses que je n'ai pas aimé" le fait qu'à la fin vous dîtes je vous cite : "CONGO est peut être un film à éviter" Moi en ce qui me concerne je tiens à vous dire que selon moi aucun film n'est à éviter ... quand ce film est sortit en salle je peux vous certifier que beaucoup de gens ont apprécié et que pour l'époque c'était même un très bon film pour dire à l'époque je regardais la tv et ils annoncaient la sortie du film en lui faisant beaucoup de pub ! ce qui m'a donné envie de lire le livre après avoir vu le film ... vous dites aussi que le film ne donnerait pas envie aux gens de lire le livre ... et bien la preuve j'ai acheté le livre après avoir vu le film ... de nombreux films, monsieur, je peux vous le certifier (j'ai une licence "cinéma") ont eu peu d'entrées ont été grossièrement juger mais sont devenus cultes aujourd'hui et ont aussi plus du succés plusieurs années après ... en somme je voulais vous dire que lorsque l'on se veut "etre critique" il faut garder du recul par rapport aux choses et donner un avis pouvant concerner une majorité de personnes ... je trouve que vous donner trop VOTRE AVIS personnel c'est ce qui est dommageable dans votre critique essayez d'être moins virulent, je vous avouerai que ça m'a fais un choc de lire votre critique ... je l'ai trouvé déplacé ... votre démarche est bonne mais essayez d'être plus comment dirai-je ... "DOUX" lol ... En tout cas très beau site ! et malgré le fait que je n'ai pas aimé votre critique ça m'a fais plaisir de la lire ! merci ! blaffineur@laposte.net

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    1. Tout d'abord, merci de me donner votre avis sincère sur ma critique. Il est possible que le film ait connu un grand succès à sa sortie, mais dans une perspective d'aujourd'hui, le film ne vole pas haut du tout et je ne recommanderai pas Congo simplement parce qu'en 1995 la majorité le trouvait bon.

      Pour ce qui est de trop donner mon avis personnel, je vais possiblement vous décevoir en vos avouant que c'est un peu ça le but. Pour moi, un site de critique amateur est clairement fait pour que l'auteur donne son opinion. Si on veut une millième critique en faveur de l'opinion générale, on peut aller sur un millier d'autres sites peut-être plus professionnels. Pourtant, ce n'est pas parce que la majorité aime un film que tout le monde l'aimera et il arrive parfois que je n'apprécie pas un film qui a pourtant connu un grand succès. Mon but est de présenter ma propre opinion, ce que moi j'en pense, et en détail afin que les gens voient peut-être une deuxième côté de la médaille que j'aimerais bien apporter. Je ne veux pas offrir l'avis général, je veux avoir mon droit de parole, qu'il reflète ou non la majorité.

      Puis, pour être plus doux, je n'ai qu'une chose à dire: c'est ma façon d'écrire. Quelle soit douce ou non, je n'écris pas pour le journal local et, de toute façon, je ne crois pas avoir a me censurer dans mes critiques même si certaines sont plus relâchées que d'autres.

      Merci de cette compréhension. Désolé de vouloir affirmer ouvertement mes goûts qui diffèrent parfois des autres!
      Sans rancune. J'apprécie beaucoup que vous ayez prit le temps d'écrire votre commentaire, mais je voulais qu'il soit clair que ma subjectivité est un principe de base qui n'est pas prêt d'être mis de côté sur Les Critiques du Critique.

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