jeudi 23 août 2012

Godzilla (Gojira) (1954, Ishirô Honda)

En 1933, Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack ont réalisé un film qui deviendra culte dans le genre horreur/fantastique: King Kong. Depuis, le gorille géant du même nom s'est mérité de nombreuses suites et remakes pour le meilleur et pour le pire. Probablement attirée par ce succès, une autre créature gigantesque voit le jour en 1954. Cette fois-ci d'origine japonaise, Godzilla (Gojira au Japon) atteindra facilement la cheville de son cousin américain et, encore aujourd'hui, les avis sont partagés pour déterminer le meilleur des deux monstres géants.

Sans crier gare, une créature d'apparence préhistorique et radioactive émerge de l'océan. Plusieurs scientifiques émettent leur hypothèse sur la cause d'une telle problématique, alors que l'armée japonaise devra lui faire face avant que la créature gigantesque sème le chaos à Tokyo.

Lors de mon premier visionnement, j'ai eu le feeling que j'allais adorer ce Gojira dès les premières minutes! Le film commence à merveille en mettant bien en place l'intrigue et ce, sans se perdre dans des longueurs. D'un point de vue général, je préfère King Kong de 1933 plutôt que ce long-métrage japonais. Cependant, même si elle tarde à arriver, Ishirô Honda introduit sa créature préhistorique dans l'histoire d'une façon beaucoup plus remarquable!

Parlant de l'histoire, Gojira repose sur un scénario bien solide. Particulièrement pour un film de monstre géant! D'abord, contrairement à ses suites, le film original de 1954 adopte un ton beaucoup plus sérieux. Godzilla est d'ailleurs bien au-dessus de ses successeurs en terme de qualités! Tout ça pour dire que ce long-métrage de Honda est très bien construit et son histoire arrive à nous captiver du début à la fin. Comme précédemment affirmé, le monstre apparaît plutôt tard dans le film, mais ce n'est pas long pour autant, au contraire! Puisque Godzilla prend bien le temps d'amener le mystère en travaillant sur la légende de la possible existence d'une telle créature dans l'océan, ce qui est fort intéressant.

Il est aussi intéressant de constater la critique sociale qui est véhiculée à travers le film. Effectivement, le scénario comporte plusieurs références aux tests nucléaires américains sur le Japon (probablement Hiroshima, entre autres, en 1945) qui seraient peut-être la source du réveil du monstre. D'ailleurs, ces références anti-américaines seront supprimées et remplacées lorsque Gojira sera ''américanisé'' deux ans plus tard dans une version nommée Godzilla, King Of The Monsters! Il fallait s'y attendre, mais le résultat est bien inférieur à la version originale japonaise.

Autrement, les effets spéciaux sont plutôt impressionnants pour son époque. Le constat est même plus satisfaisant que certaines scènes du remake américain de 1998! Godzilla lui-même est remarquable, notamment pour son entré en scène sous les yeux terrorisés des citoyens. À l'opposé du King Kong de 1933 qui employait la méthode du stop-motion pour la créature, on a ici opté pour un costume de reptile. La beauté de la chose est que le montage s'avère réussit et que l'impact est même plus réaliste que le costume de gorille dans le King Kong de 1976! (Running gag à part).

Sinon, le tout repose sur une réalisation solide d'Ishirô Honda et une trame sonore parfaitement au point. Plusieurs scènes sont jouissives à voir, particulièrement le carnage du reptile géant dans la ville. Certes, ce passage est légèrement plus réussit dans King Kong (d'ailleurs, une scène similaire incluant un train de transport est plus intéressante dans ce dernier également), mais la destruction signée Godzilla satisfait bien mes attentes!

J'aurais apprécié voir un peu plus souvent la créature: vrai! Mais après une finale aussi intense et un ensemble aussi fort réussit, je ne blâmerai certainement pas Gojira de manquer de Godzilla. Pour moi, ce film est un classique de qualité bien supérieure à la majorité des films de monstres sur-proportionnés.

Julien English
5/5


*Dans la même série:

Godzilla (1954, Ishirô Honda)
Godzilla Raids Again (1955, Motoyoshi Oda)
King Kong Vs. Godzilla (1962, Ishirô Honda)
Mothra Vs. Godzilla (1964, Ishirô Honda)
Ghidorah, The Three-Headed Monster (1964, Ishirô Honda)
Invasion Of Astro-Monster (1965, Ishirô Honda)
Godzilla Vs. The Sea Monster (1966, Jun Fukuda)
Son Of Godzilla (1967, Jun Fukuda)
Destroy All Monsters (1968, Ishirô Honda)
All Monsters Attack (1969, Ishirô Honda)
Godzilla Vs. Hedorah (1971, Yoshimitsu Banno)
Godzilla Vs. Gigan (1972, Jun Fukuda)
Godzilla Vs. Megalon (1973, Jun Fukuda)
Godzilla Vs. Mechagodzilla (1974, Jun Fukuda)
Terror Of Mechagodzilla (1975, Ishirô Honda)
The Return Of Godzilla (1984, Koji Hashimoto)
Godzilla Vs. Biollante (1989, Kazuki Ômori)
Godzilla Vs. King Ghidorah (1991, Kazuki Ômori)
Godzilla Vs. Mothra (1992, Takao Okawara)
Godzilla Vs. Mechagodzilla II (1993, Takao Okawara)
Godzilla Vs. SpaceGodzilla (1994, Kensho Yamashita)
Godzilla Vs. Destoroyah (1995, Takao Okawara)
Godzilla 2000: Millennium (1999, Takao Okawara)
Godzilla Vs. Megaguirus (2000, Masaaki Tezuka)
Godzilla, Mothra And King Ghidorah: Giant Monsters All-Out Attack (2001, Shûsuke Kaneko)
Godzilla Against Mechagodzilla (2002, Masaaki Tezuka)
Godzilla: Tokyo S.O.S. (2003, Masaaki Tezuka)
Godzilla: Final Wars (2004, Ryuhei Kitamura)


*À voir également:

Godzilla, King Of The Monsters! (1956, Ishirô Honda & Terry O. Morse)
Godzilla (1998, Roland Emmerich)

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