Iron Sky (2012, Timo Vuorensola)

Il me tardait de voir Iron Sky dès que possible. Non pas qu'il semblait si excellent, d'ailleurs plusieurs critiques le démolissent, mais j'avais le feeling que ce film pouvait toucher un point si bas en terme de sens que j'allais être diverti. Comble de malchance, pour moi ou pour les producteurs, ce n'est même pas le cas!

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, en 1945, une organisation secrète constituée de nazis envoie des vaisseaux dans l'espace. S'installant sur la face cachée de la lune, ces nazis patienteront près d'un trois-quart de siècle avant d'attaquer l'humanité à nouveau en 2018.

Évidemment, ce long-métrage de Timo Vuorensola n'est pas à prendre au sérieux, et loin de là! Avec un synopsis incluant un quatrième Reich dans l'espace, il faut bien s'attendre à ce que notre cerveau se turn off pour laisser place au divertissement de soirée. Sincèrement, c'est le genre de concept ridicule pleinement assumé que j'adore visionner de temps en temps. Pourtant, Iron Sky n'a pas tout à fait réussit à venir me chercher.  On assiste à un espèce de mélange étrange entre Inglourious Basterds, pour l'exploitation des nazis, et Star Wars, pour son univers et ses combats spatiaux. Le problème ne vient pourtant pas de ce drôle de mixte, mais plutôt de la touche d'absurdité beaucoup trop élevée ajoutée au tout. Ainsi, Iron Sky ressemble à une sorte de parodie qui ne parodie pourtant rien officiellement, sauf peut-être lui-même (oublions la référence douteuse à Downfall).

Néanmoins, les premières minutes ne dégagent rien de catastrophique. Au contraire, plusieurs bonnes qualités se font découvrir. La photographie est frappante, il y a un aspect animation intéressant dans le live-action que je ne pourrais clairement expliquer. Les effets spéciaux, tant qu'à eux, sont relativement bien considérant ce style de visuel particulier. Autrement, je tiens à souligner la réalisation de Vuorensola qui n'avait encore participé à rien de bien connu, si ce n'est que Star Wreck: In Pirkinning, le dernier film de la saga parodique de Star Trek. Sans se classer parmi les grands maîtres du cinéma, Vuorensola réalise plusieurs excellents plans et des scènes de ralentis s'agençant parfaitement au rythme de certaines scènes d'action.

D'un autre côté, une panoplie de gags sont offerts. Certains touchent la cible, d'autres passent dans l'oublie aussitôt. Et force est d'admettre que le temps n'arrange pas toujours les choses. Iron Sky aurait facilement gagné à mieux gérer son humour. En tentant d'en faire toujours plus, il fini par se tirer dans le pied et perdre de son impact. L'humour devient superflue, et l'histoire se perd peu à peu sur des terres lointaines. En effet, le film ne s'étale pas sur une longueur suffisante pour enchaîner autant d'information. C'est pourquoi on a seulement droit à un survole en accéléré sans trop d'élaboration. On tente visiblement de créer une sorte de mythologie bien garnie et Iron Sky prend tellement de proportion qu'on finit par se demander ou est-ce qu'il s'en va comme ça! Finalement, on se ramasse avec un film ayant un potentiel flyé très accrocheur qui dévie vers le chemin du bâclage et du manque d'exploitation en but d'amener le concept au summum de l’imbécillité. Le pire, c'est qu'avec une idée de nazis in space comme celle d'Iron Sky, je m'imaginais bien que ça n'aurait pas de sens. Mais quitte à ne pas avoir de sens, autant en faire un gros divertissement pop corn complètement sauté! Pas une comédie bêtement clichée qui fini par se contredire dans son propre espace temporel... Finalement, c'est futuriste ou non? Il y a tant d'incohérences, je ne suis même plus certain de la réponse.

Malheureusement, même avec un concept comme celui-là, on n'est pas à l'abri des clichés. À plusieurs reprises, Timo Vuorensola emploie la carte de la facilité comme fil conducteur, soit pour assurer la continuité de son long-métrage, ou pour faire rire (alors que ça ne fonctionne pas). Cette technique est d'autant plus déplorable lorsque l'on se rend compte à quel point ce film aurait pu s'avérer distrayant s'il avait été plus organisé et qu'il n'avait pas tourné les coins aussi rond.

Malgré tout ça, j'aurais tellement voulu apprécier Iron Sky que je n'arrive pas à le détester à sa juste valeur. De plus, ce n'est pas comme s'il ne possédait aucune qualité! Par exemple, les scènes d'action se font trop peu présentes, mais elles constitues un point majeur dans l'appréciation d'un tel film. Passant de l'affrontement aérien à la bataille générale, ces scènes de combat sont bien entraînantes et donnent un peu de souffle au divertissement simulé par le scénario. Je dois également faire mention des acteurs, particulièrement Udo Kier qui est sublime dans son rôle du Fürher! Cependant, on repassera pour Cristopher Kirby et Julia Dietze pourtant principaux. Kirby interprétant un noir aux pigmentations albinos plus énervant qu'autre chose et Dietze jouant une niaiseuse classique plus cute que cervelée.

À propos, Iron Sky est assez confus, notamment dans ses personnages. Est-ce le Fürher qui est le réel ennemi principal, ou y en a-t-il deux? Cette seconde hypothèse serait la bonne si l'on considère que l'un des deux ne semble absolument rien foutre du film! Au fond, ce ne serait pas la première inutilité engendrée par le manque d'exploitation du film que l'on rencontre. Ni la dernière, alors que la conclusion faussement épique possède sa tentative de morale complètement à part du ton utilisé depuis le tout début.

Iron Sky n'est pas catastrophique, il est seulement bien décevant. L'effort y est, mais le résultat n'est pas aussi convaincant qu'il l'était lors de sa promotion.

Julien English

2/5