dimanche 19 mai 2013

Fast & Furious (2009, Justin Lin)

Vous savez, la conception du conflit cognitif selon Jean Piaget? Ce conflit, Justin Lin me la fait vivre récemment. La série des Fast And Furious porte ouvertement l'étiquette de la médiocrité depuis toujours dans mon esprit. En repassant tous les films un par un, la tendance était effectivement confirmée pour un premier film, puis pour un second, puis un troisième, puis... Puis quoi? Comment est-ce possible? Après trois volets complètement à chier, vient Fast & Furious, quatrième du nom, réalisé par le même homme qui a précédemment offert Tokyo Drift, le pire de tous. Pourtant, cette suite s'avère non seulement la mieux réussie jusqu'à maintenant, mais elle est même, comment dire? divertissante...

L'agent Brian O'Conner est de retour à Los Angeles pour arrêter un trafiquant de drogue nommé Arturo Braga. Pendant ce temps, Dominic Toretto, ex-détenu, est plus que déterminé à venger la mort de sa copine Letty en retrouvant celui qui en est la cause. Recherchant ainsi le même homme pour des raisons différentes, le destin d'O'Conner et de Toretto les réunit à nouveau malgré eux.

Après une tentative de déviation échouée vers de nouveaux horizons, la série Fast And Furious revient à sa source. On retrouve alors Paul Walker dans le rôle de l'agent O'Conner et Vin Diesel dans la peau de Toretto. J'étais très méfiant à l'idée de les revoir ensemble. Pourtant, cette fois-ci, ils ne m'ont pas fait grincer des dents. Bien sûr, ils sont toujours aussi ordinaires, mais Diesel démontre un peu plus d'acting et Walker fait beaucoup plus crédible dans son rôle de policier du FBI dans Fast & Furious que dans les précédents volets.

Dans un même ordre d'idée, on retrouve également Jordana Brewster et Michelle Rodriguez du casting original. En tout cas, pour quelques minutes, puisqu'elles sont grandement tassées en arrière plan pour laisser place au duo Diesel/Walker. C'est vraiment juste pour dire qu'elles font apparition et c'est tant mieux comme ça! À la place, une nouvelle tête féminine qu'est la sublime Gal Gadot rejoint la troupe. Ce n'est peut-être pas l'actrice du siècle, mais elle est de loin plus performante qu'une Rodriguez infâme! Autrement, Laz Alonso interprète aussi l'un des antagonistes les moins pires de la série auprès de John Ortiz.

Bref, de façon générale, le casting n'est pas nécessairement excellent, mais il satisfait beaucoup plus que dans les précédents films. C'est un peu le même principe pour la réalisation. En faite, je n'ai absolument aucune idée de ce qui a bien pu arriver à Justin Lin en trois ans à peine. Alors qu'il a complètement foiré avec Tokyo Drift, le réalisateur s'est grandement amélioré depuis et son gain d'expérience s'exprime très bien à travers Fast & Furious. Dans ce quatrième volet, Lin dirige une caméra bien plus stable et agréable à regarder. Mine de rien, cette nouvelle technique permet d'apprécier davantage certaines scènes qui semblent plus professionnelles et moins pèles-mêles!

C'est ainsi que la scène d'ouverture a sacré une claque en pleine gueule à mon jugement. Elle est très efficace et, enfin, l'action est jouissive! De toute la série, c'était la première fois que j'étais diverti. Il faut savoir que les mises en scènes de Justin Lin sont parfois poussées par les cheveux. Par contre, pour une fois que c'est intense et entraînant, je suis pleinement satisfait du résultat! Pour vous donner une idée, j'ai littéralement failli me pisser dessus en voyant la conclusion de la course finale! L'une des rares folies que j'ai pu apprécier à travers ces films.

D'un autre côté, ce gain d'intérêt ne tient pas nécessairement du miracle non plus. Fast & Furious est en quelque sorte le film transition entre les courses de rue des opus antérieurs et le film de vol que sera Fast Five. Ainsi, on a droit à une petite intrigue tournant autour des courses de chars illégales, mais l'histoire prend une tournure bien plus sérieuse vers le cambriolage. Je ne sais pas si c'est ce qui l'empêche de tomber dans le ridicule comme les autres, mais ça permet au moins à Fast & Furious d'élaborer un scénario plus approfondi.

Par scénario plus approfondi, j'entends légèrement plus développé. Fast & Furious n'est pas à l'abri des clichés et les péripéties sont souvent aussi exagérées qu'invraisemblables. Pourtant, il est évident que ce quatrième film montre un côté plus réfléchi dans sa progression, bien que, comble de l'ironie, cette progression tarde à avancer. Cette suite perd aussi de son intérêt vers la seconde moitié du métrage en poussant un peu trop l'aspect mélodramatique que l'on tente de mettre en évidence.

Je pourrais facilement démolir Fast & Furious. La raison pourquoi je ne le fais pas malgré quelques défauts importants, c'est qu'il se démarque grandement du reste de la série. Il marque un point où tous les autres se sont solidement plantés. Enfin, les quelques courses de rue sont captivantes et donnent finalement raison à un tel film de voitures. Puis, enfin, je n'ai rien à redire sur le choix musical!

Certes, tout ça ne veut pas dire que le film est parfait non plus. Comme mentionné ci-haut, quelques scènes sont prévisibles et les acteurs, même si plus talentueux, ne sont pas extra pour autant. Cependant, Fast & Furious surprend en étant d'une qualité bien supérieure au reste de la série qui le précède. En faite, ce quatrième volet semble avoir été réalisé dans l'optique d'être un reboot à The Fast And The Furious. Comme si après trois mauvais tires, on tente de repartir à zéro, reprenant ainsi les acteurs originaux et le concept du premier film, mais déplaçant le genre vers une dynamique plus prometteuse.

D'ailleurs, même son titre ne laisse sous-entendre aucune trace de suite, mais semble plutôt prétendre l'idée d'un premier film original. Je dis tant mieux! Fast & Furious peut très bien tenir par lui-même sans les autres films. Si j'ai à revoir la série un jour, je vais donc pouvoir repartir avec celui-ci en faisant abstraction des trois merdes antécédentes. À ce qu'il parait, les suites à venir tenteront de bâtir des liens solides entre tous les films de la série. Tant pis. Fast & Furious étant le premier bon film avec un ton à part des autres, je le considérerai comme tel.


Julien English
3/5


*Dans la même série:

The Fast And The Furious (2001, Rob Cohen)
2 Fast 2 Furious (2003, John Singleton)
The Fast And The Furious: Tokyo Drift (2006, Justin Lin)
Fast & Furious (2009, Justin Lin)
Fast Five (2011, Justin Lin)
Fast & Furious 6 (2013, Justin Lin)

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