Ryan Stone est une ingénieure expérimentant son premier voyage dans l'espace avec l'astronaute Matt Kowalski. Tout va bon train jusqu'à ce que l'équipage soit solidement percuté par des débris en plein travaux extérieurs. Pendant l'impact, Ryan et Matt sont propulsées dans l'espace sans aucun moyen de communication avec la NASA alors que leur navette est détruite. Ils devront alors improviser rapidement s'ils veulent survivre à cette expérience terrifiante et retoucher le sol terrestre un jour.
La force du film est sans contredit Alfonso Cuarón à la barre de la réalisation. Je n'ai jamais porté un intérêt personnel à cet homme, appréciant quelques-unes de ses œuvres sans nécessairement les admirer pour autant. Cependant, Gravity est venu me chercher dès ses premières minutes. D'abord, l'ambiance spatiale est très bien représentée à l'aide d'un 3D hallucinant et d'une mise en scène parfaite. Et croyez-moi, je n'approuve absolument pas la nouvelle mode 3D au cinéma que je trouve trop mal utilisée, mais Gravity vaut pleinement son trois dollars supplémentaires pour la paire de lunettes! On a carrément l'impression d'être en train de flotter dans l'espace en compagnie des personnages!
Si vous avez l'intention de voir Gravity, n'attendez surtout pas sa sortie en DVD. Courrez plutôt au cinéma pour vivre l'expérience en salle, puisque le dernier Cuarón est une oeuvre qui se délecte sur écran géant en relief! Un coup bien embarqué dans le film, et tout est merveilleusement mis en place pour nous faire embarquer, Gravity est le genre de film qui transmet les sentiments des personnages à son téléspectateur. Il n'est pas rare d'y ressentir une légère impression de vertige. Non seulement parce que la caméra tourne d'un bord et de l'autre dans cet univers à la fois vide et infini pour mieux suivre les nombreux rebondissements de Ryan, mais surtout parce que les plans sont brillamment conçus pour donner ce sentiment.
Effectivement, Gravity joue continuellement sur une confrontation géniale entre l'infiniment petit et l'infiniment grand. Alternant des plans à l'intérieur de la combinaison d'astronaute vs. une vue directe sur l'espace gigantesque où gravitent aléatoirement les personnages, on ressent souvent un sentiment claustrophobe ou agoraphobe du néant infini (à ne pas confondre avec l'ochlophobie). Ces deux feelings sont également partagés lorsque l'on joue avec les reflets dans la visière de la combinaison où le personnage semble coincé dans son aquarium tout en faisant face à un vide sans fin.
Autrement, si la présence de George Clooney est bien appréciée (d'ailleurs, son personnage est des plus rassurant, autant pour Ryan que pour nous-même), c'est l'actrice qui remporte la palme! J'ai dû mal à croire que je suis en train de dire ça, mais la performance de Sandra Bullock ne m'a pas seulement satisfait, elle a excédé mes attentes! La terreur de son personnage est bien transposée, sinon carrément ressentie. On assiste au déroutement de l'être humain sans défense perdant tous ses repères, prêt à faire n'importe quoi pour arriver quelque part alors qu'il sait qu'il n'est pas en mesure de lever un petit doigt sur le hasard qui a désormais plus de contrôle que lui sur sa survie.
Le dernier film de Alfonso Cuarón, malgré son rythme énergique et son lot de scènes intenses, frôle presque le film expérimental. Certains passages sont volontairement très lents et toujours accompagnés d'une musique à point pour offrir l'effet désiré. Sinon, Gravity est extrêmement intéressant visuellement. Les effets spéciaux sont bluffants et l'univers présentant la Terre dans son plus simple élément est d'une beauté incroyable.
Aussi, Cuarón donne une réalisation magnifique. Une scène restera gravée un bon moment dans ma mémoire malgré sa simplicité. Celle où Sandra Bullock arrive finalement à l'intérieur d'une station spatiale où elle enlève sa combinaison. Alors rassurée et libérée de l'angoisse du monde extérieur, elle prend une position fœtale en se laissant flotter sur place. Un large tube est situé derrière elle perpendiculairement à son ventre, donnant l'impression d'un cordon ombilical, comme si le personnage se recroquevillait dans le ventre rassurant d'une mère.
Gravity, c'est une histoire simple au déroulement lent qui se transforme en une oeuvre intelligente et stressante! On a beau se demander où ça s'en va, ça réussit à être captivant à tous les niveaux. De toute ma vie de cinéphile, c'est problablement en regardant Gravity que j'ai dit le plus souvent ''AWEILLE! AWEILLE! Accroches-toi dont!!'', sachant très bien que c'était pratiquement impossible à faire pour les protagonistes dans les circonstances d'une telle absence de gravité. Je dois le dire, Gravity m'a donné plus de chair de poule qu'une majorité des films d'horreur actuels!
Finalement, les sept années d'absence d'Alfonso Cuarón auront valu la peine! Le seul problème, c'est que le film perdra tout son impact et son intérêt lors de sa sortie en DVD. C'est le genre de film sensationnel à voir au cinéma, et qu'aucun support alternatif ne lui rendra justice. Ainsi, Gravity se mérite amplement sa note parfaite et toutes les fleurs que l'on lui lance. Par contre, il tombera possiblement dans l'oubli avec le temps et n'arrivera pas à épater autant le public qui ne lui aura pas offert sa chance en salle. Gravity est une énorme surprise qui vient de faire monter le réalisateur Alfonso Cuarón et l'actrice Sandra Bullock en flèche dans mon estime. Je suis totalement satisfait de ma soirée, mais je ne serai jamais porté à revoir ce film sur une télévision de salon.
Julien English
5/5(En tout cas, au cinéma!)
Comme chez nous, l'avis peut se résumer à "rien pour les méninges, tout pour les mirettes"... Mais notre rédacteur l'a pas vraiment aimé, et moi j'attends encore de le voir !
RépondreSupprimerJe comprend que l'on puisse ne pas apprécier ce film. Par contre, je suis loin de croire que Gravity n'offre ''rien pour les méninges'' comme tu le dis. En fait, une analyse très riche pourrait être faite seulement avec les plans et le travail derrière la caméra!
SupprimerPourtant, je suis là à défendre le film, alors que comme je l'explique dans ma critique ci-haut, Gravity est particulièrement intéressant à voir en salle pour son visuel. Il risque ainsi d'être plus décevant sur une télévision de maison malgré l'élaboration de son ambiance.