dimanche 27 octobre 2013

The Theatre Bizarre (2011, Réalisateurs multiples)

En 2011, le cinéma horrifique aura eu droit à deux anthologies. Si je m'étais empressé de voir Chillerama à sa sortie, je n'ai pas été en mesure de faire de même pour The Theatre Bizarre. Puis, j'ai fini par oublier ce projet qui semblait pourtant très intéressant. Lorsque le film m'a tombé du ciel directement dans les mains, ma curiosité est devenue hystérique jusqu'à ce qu'elle découvre qu'il y avait anguille sous roche. Maintenant révélé, ce n'est qu'une question de jours avant que The Theatre Bizarre sorte de ma tête et retombe tristement aux oubliettes.

Je suis déçu. Si déçu que j'ai du mal à saisir comment The Theatre Bizarre a pu déboucher vers ce résultat! J'adore tellement les anthologies d'horreur. Lorsque bien maîtrisées, elles sont un gage de divertissement de soirée assuré! Par contre, il ne faut pas oublier que même si une anthologie présente différents courts-métrages (parfois même réalisés par différentes personnalités comme c'est le cas ici), le tout doit pouvoir se rejoindre quelque part ne serait-ce que par un thème ou une approche particulière.

C'est là que The Theatre Bizarre se déchire la face dans la garnotte après une promenade prometteuse en vélo! Le film n'a aucune fluidité ni aucune subtilité dans sa présentation. Les courts-métrages sont projetés back-to-back sans la moindre transition, mise à part une légère tentative ratée avec le segment de Jeremy Kasten. C'est extrêmement dommage, puisque ça rend le tout très incohérent et aléatoire. À l'occasion d'une anthologie, ça la rend même dépourvue de son propre but!

L'anthologie débute donc avec le court-métrage de Kasten, The Theatre Guignol, qui se doit apparemment d'apporter une transition pourtant bâclée entre chacun des suivants à venir. S'il commence en force en posant une atmosphère particulièrement étrange avec un excellent Udo Kier dans la peau (dans le bois?) d'un pantin aux mouvements saccadés, on dirait un passage balancé sans réflexion entre deux courts-métrages qui n'amène rien du tout à la continuité de l'oeuvre! Un métrage intéressant pour son ambiance qui représente un spectacle plutôt creepy, mais qui s’avérera totalement dénué de sens en bout de ligne.

The Theatre Bizarre commence officiellement avec le segment de Richard Stanley intitulé The Mother Of Tods. La première chose que j'ai notée sur ce court-métrage, c'est son excellente trame musicale. L'histoire est plutôt intéressante même si on n'assiste finalement à rien de bien original. On suit un couple qui visite le sud de la France où il rencontre une vieille dame lui proposant de découvrir le Necronomicon, oeuvre célèbre de H.P. Lovecraft. Malheureusement très prévisible, The Mother Of Tods reste bien efficace pour débuter l'anthologie dans l'espoir de trouver mieux avec ce qui suit.

Vient ensuite le court-métrage de Buddy Giovinazzo qui crée une première rupture brutale de ton avec I Love You. Alors que Stanley m'a tranquillement embarqué dans une atmosphère fantastique, Giovinazzo se la joue plus psychologique avec l'histoire d'un homme qui n'arrive pas à accepter la fin de sa relation avec sa femme infidèle. Le court-métrage est légèrement confus dans son déroulement, mais la réalisation est relativement fort maîtrisée. De plus, André Hennicke et Suzan Anbeh offrent des performances incroyables! Loin d'être le meilleur passage, I Love You se termine sur un dernier plan remarquable! Ce n'est pas mauvais, mais malheureusement, le pattern est bien trop à l'extrême de celui de The Mother Of Tods.

Par la suite, on a droit au passage que j'étais le plus impatient de voir pour son réalisateur! De Tom Savini est projeté Wet Dreams, racontant les cauchemars subséquents d'un jeune homme. Encore une fois, The Theatre Bizarre se jette dans un univers complètement différent des deux premiers courts-métrages, ce qui est vraiment très dommage, puisqu'on en vient à se demander où est l'intérêt d'une anthologie aussi randomisée. En plus, à part un jeu de mots assez délectable dans ce contexte-ci (wet dreams), une magnifique femme à moitié nue et des effets spéciaux fort réussis (avec Savini, j'aurais été surpris du contraire), absolument rien n'est transcendant! C'est un gros ramassis incohérent de rêves par-dessus rêves sans histoire. Te voir la bette en caméo ne m'a pas suffit, Tom. J'attendais même que le Theatre Guignol recommence enfin!

Puis, c'est au tour de Douglas Buck. Et définitivement, ce n'est pas son métrage The Accident qui va permettre un mélange plus fluide à l'anthologie! C'est clairement le segment le plus nowhere de la gang et il n'avait tout simplement pas sa place ici! Buck offre un passage très lent sur une petite fille qui commence à se poser des questions sur la mort après avoir été témoin d'un accident mortel de la route. On a droit à une grosse réflexion dramatique, certes quand même intéressante, sur la mort dans un montage bien moyen qui ne veut rien dire.

C'est alors que l'on arrive enfin au moment où l'anthologie devient bien plus intéressante! Malheureusement, le contraste entre chacun des courts-métrages est pire que pire, mais les deux derniers segments sont facilement mes favoris du lot! D'abord, Karim Hussain offre un passage particulièrement pognant. Son Vision Stairs n'est pas seulement dégueulasse à regarder (dans le bon sens du terme, si vous appréciez les films d'horreur dégoûtants), il est carrément fascinant! Racontant l'histoire d'une jeune femme qui assassine d'autres femmes afin d'extraire un liquide de leurs yeux et se l'injecter dans les siens pour voir leurs derniers souvenirs de vie, Vision Stairs est très spécial. Supporté par la performance incroyable de Kaniehtthio Horn, je regrette seulement l'extrêmement mauvaise voix off qui accompagne le tout!

Avec le dernier segment, Sweets, David Gregory nous la joue un peu dans l'humour cette fois! Curieusement, c'est sans aucun doute le plus réussit. The Theatre Bizarre se termine sur le meilleur passage qui suit la rupture difficile d'un homme avec celle qu'il partageait une affection passionnelle pour la sucrerie. Plutôt bien réalisé, c'est avec sa finale sensationnelle que j'étais en extase!

Comme vous avez peut-être remarqué, le second défaut ultime de The Theatre Bizarre (après son gros manque de transition) se constate dès le segment de Giovinazzo! L'anthologie a beau avoir rassemblé plusieurs courts-métrages en un film, elle oublie l'essence-même d'un projet semblable. En fait, chacun des métrages adoptent un style et une ambiance très distincts, puis aucun ne se marie moindrement avec le thème des autres. Si je vois un intérêt particulier aux anthologies, c'est bien dans l'homogénéité du contenu offert! Cette façon de présenter des films ayant tous un lien ensemble que ce soit dans les thèmes, la forme, ou quoi que ce soit d'autre. The Theatre Bizarre, lui, est beaucoup trop hétérogène à mon goût! Certains courts-métrages sont plutôt trash, d'autres ne le sont pas. Certains sont dégoûtants, d'autres sont plus psychologiques. Il y en a des dynamiques et bien rythmés, alors qu'ils y en a des plus lents et progressifs.

Bref, vous aurez compris le principe, le contraste est tout simplement mauvais! Je ne serais pas surpris que les sept réalisateurs ne se sont même pas réunis pour discuter de ce qu'ils allaient faire. Qu'ils ont crée un film, chacun de leur bord, sans aucune règle, aucun pré-avis, aucun but, sauf peut-être celui de frôler un tantinet soit-il l'horreur. Puis, c'est comme s'ils avaient collés tous les morceaux du puzzle de force, un à la suite de l'autre, même si les pièces ne provenaient pas du même casse-tête en question! Ainsi, non seulement l'anthologie perd aussitôt tout son sens, mais ça empêche le public de pouvoir apprécier tous les courts-métrages. Il ne serait pas surprenant de trouver parfaitement son compte avec un segment, et de détester solidement le suivant.

Julien English
2/5

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